De 2013 à 2019, les Aigles ont évolué au sein de la Ligue Can-Am. Après une saison annulée en 2020 en raison de la pandémie Covid-19, une nouvelle aventure s’est amorcée dans la Ligue Frontier en 2021.

2015

Ça aura pris trois ans aux Aigles pour devenir une vraie équipe. Dimanche le 15 septembre 2015 au stade Yogi-Berra, sur le campus d’une université du New Jersey, une bande de joueurs représentant la ville de Trois-Rivières dans une ligue professionnelle de baseball est devenue une famille. Des champions unis par un parcours digne d’un film de Disney.

Les Aigles ont vaincu les Jackals du New Jersey par la marque de 2-1 pour savourer le premier titre de l’histoire de la jeune concession, au terme de la cinquième et dernière partie d’une finale mémorable dans la Ligue Can-Am. Tout ça après 106 matchs, en incluant ceux de la saison régulière.

Il y a six semaines, ce scénario paraissait impossible, l’idée saugrenue à la limite. On ignorait si les Trifluviens allaient être en mesure de se qualifier pour les séries. Certains s’apprêtaient à lancer la serviette.

Mais tout a changé et les membres du vestiaire ont su se regrouper. Hier, ils ont apposé leur signature à une année inoubliable en devenant les nouveaux champions du circuit Wolff. Les célébrations étaient à l’image de la fin de saison.

«Je ne sais pas quoi dire. Ça m’a pris 17 ans pour en arriver là donc c’est beaucoup d’émotions», soulignait Maxime Poulin, un instructeur des frappeurs trop ému pour continuer la discussion et qui n’avait jamais connu pareille extase en tant que joueur.

Deux recrues, un exploit

Tout au long de l’été, les Aigles ont accumulé les petits exploits pour succéder aux Boulders de Rockland, les champions de 2014.

Le dernier aura été la présence sur le monticule de deux recrues: Mike Bradstreet comme partant et Scott Kuzminsky dans le rôle du releveur. Ces deux hommes, appuyés par le travail de la meilleure défensive du circuit, auront muselé les frappeurs du New Jersey pendant presque toute la partie.

Au final, les points produits de Kyle Lafrenz (ballon sacrifice) et Javier Herrera (simple) auront été suffisants pour venir à bout des locaux.

Avant le lancement des hostilités dimanche, on spéculait sur la présence ou non de l’instructeur des lanceurs Matthew Rusch sur la butte. Les Jackals confiaient pour leur part la balle à Anthony Claggett, un ancien des ligues majeures, aussi entraîneur des lanceurs.

Il s’agissait donc d’un duel bien inégal sur papier, du moins sur le plan de l’expérience. Et pourtant!

«Enfant, tu rêves d’avoir une chance comme celle-là», souriait un Bradstreet rayonnant, qui n’a accordé que sept coups sûrs en autant de manches, avant de laisser la place à Scott Kuzminsky. Un type qui ne lançait même pas à Trois-Rivières il y a un mois.

Ce même Kuzminsky a pourtant retiré dans l’ordre les six espoirs du New Jersey en huitième et en neuvième. Le dernier, Jared Schlehuber, a mordu la poussière sur une troisième prise, une rapide que tout le monde attendait.

«Nous sommes toujours aussi bons que les gars derrière nous», témoignait Bradstreet, citant au passage les trois balles à double-jeu exécutées avec brio par les joueurs du champ intérieur.

Dans le stade, les familles de certains joueurs et les membres de la direction s’enlaçaient. Les partisans des Jackals, eux, demeuraient incrédules devant un spectacle qu’ils connaissent trop bien: une défaite en finale. C’était leur cinquième de suite hier.

Un mot: ténacité

Entouré de sa femme et ses deux jeunes enfants, Pierre-Luc Laforest n’était pas moins émotif que ses joueurs. Entre deux gorgées de champagne et la douche de Gatorade, il rappelait dans la bonne humeur qu’il s’agissait de sa dixième conquête d’un championnat, mais la première dans le rôle du gérant.

«C’est tellement différent, c’est mieux encore! Avec la gang que nous avons, ça rend l’expérience encore meilleure. Nous avons 24 joueurs incroyables que je décrirais en un mot: ténacité!»

En avance 2-1 dans la série avant d’entreprendre la rencontre de samedi, les Aigles ont de nouveau connu une mauvaise fin de match, laissant les Jackals remonter la pente pour s’imposer 7-5.

Tout était donc à recommencer dimanche, mais l’attente en aura valu la peine. «Chaque jour, j’entendais dans la chambre que nous avions la meilleure équipe. Les gars l’ont prouvé. Un match dominé par deux recrues, c’est rare qu’on voit ça! Quand Scott a réussi le dernier retrait, je pensais que j’allais tomber dans les pommes!»

Crédit: Le Nouvelliste